Sexualité pendant le cancer : stop aux tabous
La découverte de la maladie retentit parfois comme un véritable tsunami dans notre vie. Parmi les domaines qui peuvent être lourdement affectés, et dont on parle peu, on retrouve celui de l’intimité. Dans cet article, je vous propose aujourd’hui d’aborder ce sujet important : celui de la sexualité pendant le cancer.
Quelles sont les conséquences de la maladie sur notre vie intime ?
La maladie et les traitements ont un impact considérable sur notre quotidien et notre qualité de vie. Les différents points abordés ci-dessous sont également valables pour les personnes qui seraient actuellement en post-traitement.
La fatigue : ennemie jurée de l’intimité depuis la nuit des temps
Lorsque l’on est sous traitement, la fatigue se fait généralement une place de choix dans notre quotidien… et s’il y en a bien une qui est l’ennemie des relations intimes, c’est bien elle !
C’est pourquoi le premier point sur lequel je souhaite insister, c’est qu’il est primordial d’écouter vos ressentis et votre corps. Nul besoin de vous mettre la pression. Il est tout à fait normal (genre, archi normal), de ne pas se sentir dans le mood et d’être confrontée à une véritable baisse/perte de libido.
Votre corps est actuellement en train de mener un combat hors norme. Alors soyez douce avec vous-même, car il ne peut pas être sur tous les fronts (contrairement à notre punchline ;)). S’il lui reste de l’énergie (et de l’envie), alors les feux sont au vert… Mais sinon, accordez-vous du temps.
Les douleurs : non, ce n’est pas OK d’avoir mal dans l’intimité
Les traitements anticancéreux entraînent leur lot d’effets secondaires plus ou moins compliqués. Parmi ceux qui peuvent s'immiscer dans votre vie sexuelle, on retrouve bien évidemment les douleurs et les affections cutanées.
Les douleurs ont de nombreuses origines et peuvent être vécues comme un véritable fléau : douleurs articulaires, musculaires ou encore liées à de la chirurgie… Les relations sexuelles peuvent alors venir décupler ces douleurs, et dans ce cas, ces moments qui se veulent être synonymes de plaisir intense perdent alors tout leur sens.
Parmi les douleurs taboues liées à la maladie, on ne parle que très peu de celles qui concernent les muqueuses vaginales. Car si votre peau souffre d’une sécheresse de l’extrême, c’est malheureusement la même chose pour l’ensemble de vos muqueuses, dont celle du vagin.
Sous traitement, les rapports avec pénétration peuvent alors devenir extrêmement douloureux, entraînant une perte de désir et un frein aux relations intimes. Ils peuvent également parfois provoquer un phénomène de “vaginisme” (une contraction extrême des muscles du périnée, qui vont rendre très douloureuses, voire impossibles, toutes pénétrations confondues).
Modification de l’image de soi : un besoin de reconnecter avec son corps
Je crois que je ne vous apprends rien si je vous dis que l’image que l’on a de nous-même joue un rôle primordial (et ce dans toutes les sphères de notre vie, en général ;)).
Les relations intimes supposent de se mettre nue, au sens propre comme au figuré. Et quand on a pu se sentir trahie par son corps, ou encore que celui-ci a beaucoup changé depuis les traitements, il peut parfois être difficile de se regarder dans le miroir… et de se laisser regarder par son/sa/ses partenaire/s. L’image que l’on a de nous-même peut alors peser comme une véritable ombre sur notre épanouissement personnel et de surcroît sexuel.
Comment mieux vivre sa sexualité pendant le cancer ?
Dialoguer avec votre/vos partenaire.s
La base de tout, et dans tous les domaines de la vie, c’est la communication ! À moins de partager sa vie avec une sorte de devin, voyant ou toute autre personne avec des pouvoirs magiques, il y a peu des chances pour que votre/vos partenaire/s devine.nt ce que vous ressentez. Et par “ressentir”, je veux dire ressentir dans votre corps, mais aussi dans votre tête.
Le dialogue, c’est donc la clé. Vous pensez que cette position pourrait être douloureuse avec votre cicatrice ? Dites-le. Vous préféreriez que la lumière soit plus tamisée (voire éteinte), car vous vous sentez mal à l’aise à l’idée de montrer votre corps au grand jour ? Dites-le. Vous vous sentez plus en forme le matin pour partager un moment complice ? Eh bien… dites-le. C’est en exprimant pleinement vos besoins et vos sensations que la personne en face de vous pourra y prêter le plus d’attention :)
Vous faire accompagner
De nos jours, trop peu de personnes concernées osent aborder le sujet de la sexualité pendant le cancer. Pourtant, la sexualité fait partie de notre quotidien. Il est donc primordial que vous ne restiez pas seule dans votre coin avec vos interrogations.
Mon premier conseil ? Si vous ressentez des douleurs, parlez-en avec votre oncologue, votre infirmière d’annonce ou de coordination, votre médecin traitant, votre gynécologue ou encore votre sage-femme. De nombreuses solutions existent, allant des traitements antalgiques, à certains types d’activités physiques, en passant par des pratiques de relaxation bien spécifiques.
Concernant les douleurs liées à la sécheresse des muqueuses, ils pourront vous conseiller les lubrifiants adaptés, vendus en parapharmacies et en pharmacies ou encore vous prescrire des lubrifiants à base d’hormones, voire même du laser.
Mon second conseil ? Si vous en ressentez le besoin, prenez rendez-vous avec un psychologue, voire même carrément avec un sexologue. Ces professionnels sauront vous accompagner au mieux dans vos réflexions et auront de précieux conseils à vous prodiguer, notamment concernant la façon d’établir une connexion avec vous-même, puis avec votre/vos partenaire.s.
Mon dernier conseil ? Rejoignez des groupes de paroles au sein d’associations dédiées aux malades. Vous ne serez pas obligée de raconter votre vie sexuelle, mais le simple fait d’aller à la rencontre de personnes concernées par les mêmes problématiques que vous pourrait vous apporter un nouveau regard sur la situation…et peut-être même vous faire découvrir de nouvelles solutions :) parole de scout !
Renouer avec vous-même et avec votre image
Sur le blog des Franjynes, la thématique de l’image de soi pendant la maladie nous tient tout particulièrement à cœur. Intimement convaincues qu’être bien avec soi-même et son reflet permet de se sentir mieux avec le monde extérieur, on ne peut que vous encourager à jouer avec votre image et à reprendre le pouvoir afin de vous réapproprier pleinement votre identité.
Si la sexualité se veut à l’origine être quelque chose de très spontanée, parfois, se mettre dans les bonnes dispositions et préparer pleinement ce moment d’intimité peut-être une solution à envisager. Un peu comme une danseuse qui se fait belle pour monter sur scène, l’idée serait de vous préparer au plaisir, et cela peut prendre un tas de formes. (Warning alert : le plaisir peut aussi exister en solo, et se faire belle pour soi, ça prend également tout son sens !).
Par exemple, vous pourriez investir dans de la lingerie à la fois jolie et confortable, en prenant soin de choisir une couleur qui vous va particulièrement bien. Vous pourriez également envisager de prendre une demi-heure pour vous maquiller de façon à avoir pleinement confiance en vous (si comme moi, le maquillage vous y aide, bien sûr ;)). Vous pouvez aussi imaginer d’aller vous faire masser avant, ou encore de réaliser une pose de vernis… Parfois, de toutes petites choses qui peuvent paraître insignifiantes font en réalité une grande différence dans la façon dont on se sent :) et nous permettent de rebooster notre confiance en soi !
Expérimenter votre sexualité autrement
Quand les douleurs et la fatigue prennent trop de place, la sexualité peut arriver en dernier sur notre liste d’envies du jour. Pourtant, la sexualité peut prendre bien d’autres formes que celle que l’on retrouve encore dans la majorité des inconscients collectifs. La sexualité, c’est aussi les câlins, les caresses, les baisers, les mots, les attentions spéciales… À vous d’inventer, seule ou avec votre/vos partenaire.s, la sexualité qui vous ressemble et qui vous convient en ce moment.
Aujourd’hui, vous pouvez également cultiver votre éveil intime grâce à de nombreux podcasts et de nombreuses lectures sur le sujet. Et puis, rappelez-vous une chose : il n’y a pas de règle, et si la sexualité n’a pas sa place en ce moment, et bien, c’est OK aussi. Sentez-vous libre et écoutez-vous avant tout :)
Vous l’aurez compris, la sexualité pendant le cancer est un sujet important qui a toute sa place dans les échanges que vous pourriez avoir avec votre équipe de soins, et avec les personnes qui partagent votre intimité. Vous n’êtes pas seule, de nombreuses personnes traversent les mêmes interrogations. N’ayez pas peur d’exprimer pleinement ce que vous ressentez : vous méritez le désir, le plaisir, l’amour… et vous méritez aussi de dire quand votre plus gros fantasme, c’est de vous endormir devant votre série Netflix haha ;)
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