Angélique Lecomte : créatrice des Monocyclettes
Angélique a été touchée par un cancer du sein en 2016. Elle fait partie des nombreuses femmes qui ont choisi de ne pas faire de reconstruction suite à une mastectomie. Ancienne infirmière en psychiatrie, c’est son parcours post-cancer qui l’oriente vers un nouveau projet professionnel, conduit par une réelle problématique : comment s’habiller quand on a un corps asymétrique ?
La quête de sens
La question de la reconstruction
Prendre soin des autres, Angélique l’a fait pendant des années. Lorsqu’elle découvre son cancer du sein en 2016, le tournant est radical dans sa vie : il est désormais temps de prendre soin d’elle, et de concentrer son énergie pour lutter contre la maladie.
Quand on lui annonce qu’elle va subir une mastectomie, Angélique n’imagine pas une seconde ne pas avoir recours à la reconstruction. Cependant, son oncologue la prévient, il faudra attendre deux ans pour pouvoir envisager cette option, afin de limiter le risque de récidive.
Si ça peut lui sauver la vie, Angélique accepte assez bien l’idée de vivre vingt-quatre mois minimum avec un sein en moins. Au-delà de la dimension esthétique, elle trouve finalement que son quotidien n’est pas si impacté, si elle fait exception, bien entendu, des douleurs et de la fatigue liées à l’ablation de son sein. Finalement, elle revient sur son choix initial et décide qu’elle ne fera pas de reconstruction.
La problématique de l’habillement
Une problématique fait tout de même irruption dans sa vie : comment s’habiller lorsqu’on a une poitrine asymétrique ? Elle fait le constat qu’aucun vêtement n’est réellement adapté à son nouveau corps.
À 35 ans, elle passe d’ailleurs la porte d’une boutique de produits paramédicaux, qui propose de la lingerie adaptée pour les femmes qui ont subi une mastectomie. Alors qu’elle essaie un soutien-gorge dans la réserve du magasin, entre cartons, déambulateurs et stock de semelles orthopédiques, Angélique craque : pour cette fan de lingerie fine, c'est la douche froide. Les modèles sont tristes et peu esthétiques, et la prothèse en silicone la gêne.
Elle rentre chez elle et se questionne énormément. Si elle vit les choses de cette façon, alors elles doivent être nombreuses, comme elle, à ressentir ce manque de réponse à leurs problématiques. Après quinze jours à supporter tant bien que mal la prothèse, Angélique décide de la laisser au placard. Si au début elle essaie de combler son bonnet vide, l’inconfort ressenti est trop grand : elle comprend que lorsqu’on a qu’un seul sein, on n’a besoin que d’un seul bonnet.
Lancée dans la recherche du soutien-gorge qui répondra à ses besoins, elle s’aperçoit qu’il y a eu des tentatives de création, mais qu’à l’heure de ses recherches, il n’existe pas vraiment de produits qui répondent à ses attentes.
Le début des premières expériences
Il n’en faut pas moins à Angélique pour initier ses premières expériences : elle s’attèle à découper, recoudre, customiser, puis ajuster ses propres soutiens-gorges ainsi que ses vêtements. Elle ne connaît rien à la couture, mais la motivation d’apporter une solution à son problème et à celui de milliers de femmes donne enfin du sens à sa maladie. Désormais, elle concentre son énergie à ce projet qui l’anime profondément, et réfléchit à la façon de le concrétiser en une véritable aventure entrepreneuriale.
Les Monocyclettes : une histoire de rencontres
Une première collection de vêtements
Déterminée à faire vivre ce projet, l’ex-infirmière suit des cours de stylisme et de modélisme au sein d’une association, à Aix-en-Provence. Elle y rencontre Chantal, qui, convaincue par ses idées, l’aide à monter concrètement ce projet. Ensemble, elles réalisent les premiers vêtements adaptés aux femmes qui ont subi une ablation. La première collection des Monocyclettes est officiellement lancée : hauts, sweat-shirts ou encore robes adaptées sont en vente sur le site internet de la jeune entreprise.
Une collection de lingerie
Pour continuer l’aventure, Angélique souhaite s’entourer de professionnels afin de produire la lingerie adaptée dont elle rêve. Le hic ? La lingerie traditionnelle est déjà très technique et pointilleuse, alors elle peine à convaincre des entreprises prêtes à relever le challenge du monobonnet.
Tandis que la créatrice commence à désespérer de trouver ce qu’elle cherche, une amie lui dit qu’une femme propose des cours de couture de lingerie près de chez elle. Angélique va aussitôt à la rencontre de Céline, et lui expose ses besoins. Au-delà d’une rencontre humaine qui matche instantanément, c'est une aventure professionnelle qui débute : après seulement deux prototypes, les deux femmes réussissent à créer le soutien-gorge monobonnet dont rêvait Angélique.
L’histoire des Monocyclettes prend un nouveau tournant, et la créatrice n’a désormais qu’une ambition : que son entreprise devienne le « Aubade » des femmes qui ont subi une mastectomie. Exit les soutiens-gorge tristes, ternes et connotés paramédical : Angélique veut offrir de la féminité, de la finesse, et de la sensualité pour redonner à toutes les femmes le pouvoir de se sentir bien dans leur corps.
En parallèle, afin de continuer à changer le regard de la société sur les femmes qui ont choisi de ne pas faire de reconstruction, Angélique a à cœur de profiter des réseaux sociaux pour partager un maximum de clichés, afin que chaque femme puisse se sentir représentée.
Son combat ? Impacter le grand public et les femmes concernées, et clamer haut et fort : “Vous êtes entières !”
Retrouver les produits des Monocyclettes
Avec le temps, Angélique a décidé de concentrer son énergie sur la lingerie, si elle ne propose plus de vêtement à la vente en 2024, elle propose tout de même d’autres produits, tels que les tatouages éphémères pour habiller le buste, ou encore des bijoux de lithothérapie.
Aujourd’hui, les produits sont disponibles sur son site internet, mais également dans quelques boutiques, sélectionnées avec choix.
En effet, Angélique a à cœur que ses produits soient distribués dans des lieux qui respectent l’ADN des Monocyclettes, c'est-à-dire empreints de douceur et de bienveillance, pour accueillir les clients dans un espace dédié et cocooning.
Un retour vers l’accompagnement
Un triste constat : l’accompagnement manque en post-cancer
Avec le temps, la créatrice s’aperçoit qu’il y a un réel manque d’accompagnement dans l’après-cancer. Elle en fait le constat tous les jours, lorsqu’elle prodigue des conseils à ses clientes et qu’elle se sent limitée dans ce qu’elle peut leur offrir.
Naturellement, l’ancienne soignante a décidé d’ajouter une corde à son arc afin d’accompagner au mieux les femmes dans l’étape de l’après. Car si on parle surtout de la maladie et des traitements, on évoque peu le changement d’identité qui opère lors de cette épreuve : changement d’apparence physique, changement de regard sur la vie, besoin de sens (notamment au niveau professionnel), changement dans les relations interpersonnelles, etc.
Une double casquette : créatrice et coach en image
Pour pallier ce manque d’accompagnement, Angélique s’est formée au conseil en image et a créé ensuite le programme DÉFI (Douleur, Émotions, Fatigue et Image). Elle propose désormais une formule en ligne de six mois, basée sur une prise en charge holistique de la personne. Son contenu ? Des séances collectives, mais aussi individuelles où Angélique met la lumière sur les problématiques propres à la personne. Le tout accompagné d’exercices, de vidéos ou encore de challenges… Avec le programme DÉFI, Angélique n’a qu’un seul objectif : accompagner les femmes vers leur nouvelle identité.
Si vous êtes intéressée, vous pouvez retrouver le détail de ce programme sur son site internet.
Pour soutenir Angélique et sa superbe aventure entrepreneuriale, rejoignez-la dès maintenant sur son compte Instagram et n’hésitez pas à partager ses posts… afin de vous engager, vous aussi, pour la démocratisation de tous les corps.